Razzia de médailles sur Weymouth !
Razzia de médailles sur Weymouth !
Du 6 au 9 Juillet dernier s’est déroulé à Weymouth en Angleterre le Championnat d’Europe Espèce, et cette année le poisson visé était la Daurade.
54 pêcheurs, 2 jours de compétition, 10 Nations, la France avec 6 représentants, dont 5 formaient l’équipe de France EFSA.
Arrivés deux jours avant la compétition, nous avons réservé un charter local afin de nous entrainer sur la zone de pêche. Cet entrainement permet d’appréhender tout l’environnement physique, les courants, les profondeurs, les zones possibles, la météo à venir. Les appâts étant fournis, 1kg d’encornets et 3 maquereaux surgelés, toutes les conditions étaient réunies pour mettre au point notre plan de bataille. Un règlement clair, deux hameçons maximum autorisés, dérive et mouillage au choix des skippers.
Nos 6 pêcheurs connaissent parfaitement la pêche à la daurade, adorent cette pêche, et nous arrivions avec un titre à défendre puisqu’en 2015 l’équipe avait remporté le titre.
Grâce à cet entrainement nous avons aussi remarqué que certaines places à bord seraient extrêmement dures à pêcher. Deux actions en pêche possibles, l’ancrage où grâce au courant les places étaient à peu près similaires parce que toutes les lignes partaient dans l’axe vers l’arrière, et la dérive où là malheureusement certaines places étaient fortement défavorisées, car la dérive étant quasiment toujours dans le même sens, le côté tribord pêcherait sous le bateau. La météo étant assez dure, les courants très puissants, la dérive était très physique, ballotés de gauche à droite, pertes d’équilibre, il fallait être vigilant. Et la dérive sous le bateau devenait alors un vrai exercice physique !
Il faut savoir que les 6 bateaux affrétés pour la compétition, 1 catamaran et 5 monocoques, embarquent à leur bord de 8 à 10 pêcheurs. La répartition se fait de la place 1 (tribord avant) vers la place 8, 9 ou 10 (bâbord avant). Une fois tous les pêcheurs à bord, le commissaire fait tirer un jeton numéroté qui désigne ainsi votre place pour la journée. C’est le moment crucial où vous savez déjà si vous avez une chance de gagner le bateau ou non ! n°1, 2 et 3 (côté tribord) on fait la gueule, et le 4 à 10 on sourit…
Force morale, conviction, esprit d’équipe sont absolument nécessaire pour performer quand vous pensez avoir tiré LA mauvaise place.
La compétition :
Première journée de pêche, météo parfaite, soleil agressif, nous retrouvons les mêmes conditions que la journée d’entrainement avec des courants puissants et des creux jusqu’à 1m50 à la frontière des courants. Nos skippers alternent la dérive et l’ancrage en fonction de l’heure de la marée et donc de ces forts courants.
L’ambiance à bord est conviviale malgré la tension palpable, les poissons s’enchainent, et les matelots de chaque bateau mesurent et inscrivent nos prises sur la feuille commissaire. De temps en temps, un pêcheur tombe….
Moins de 31 cm = 1 point, de 31 à 51cm = 3 points et plus de 51cm = 5 points.
Tous les acteurs ont quasiment en temps réel l’évolution de leur score et donc leur place potentielle. Les Anglais étant extrêmement joueurs, les « marqueurs » ne manquent pas d’encourager chacun à chaque prise, les « you have the lead » et les « come on ! » fusent toute la journée, c’est à la fois stressant et motivant.
Pour le classement, le pêcheur ayant le plus de points en fin de manche gagne le bateau et marque un score de 100%.
On calcule ensuite le rapport entre le nombre de points de chacun par rapport à celui du leader pour obtenir son pourcentage.
Chaque jour il y a donc 6 vainqueurs de bateau à 100% puis les pourcentages des suivants dans l’ordre dégressif bien évidemment. Pour le général, on ajoute les pourcentages et on classe.
Le score idéal sur 2 jours est donc de 200%, les égalités étant séparées par les points acquis chaque jour.
Nous adorons (ou détestons) les fins de journée car c’est le moment d’annoncer à ses partenaires le résultat obtenu. Avec un score supérieur à 85% on considère que le job est fait pour l’équipe, dès qu’il dépasse 95% c’est excellent et bien sur le 100% est le score parfait qui permet en plus d’espérer un résultat individuel.
Cette première journée est exceptionnelle, Jean Pierre, David, Didier et Francis sont à 100% et Simon et Cyrille sont à plus de 85% ! Nous gagnons la manche « fingers in the nose ».
Au classement de la journée, Didier et Francis en 2ème et 3ème position, David et Jean Pierre 5ème ex aequo !
A l’issue de cette première journée, France 1, l’Angleterre 2ème et la Norvège 3ème.
Nous sommes au niveau, le Fish and Chips du soir se déguste avec le sourire, et le briefing consiste essentiellement à profiter de l’expérience du jour de chacun, à confirmer la stratégie et nos montages, à partager nos moments de difficultés pour enrichir l’expérience collective.
La deuxième journée s’annonce chaude, 2 duels de vainqueurs de bateau détermineront forcément le classement final puisque deux « 100% » disparaitrons…
L’Angleterre se rappelle à nous dès le départ du jour 2, du crachin, de la pluie, puis la douche copieuse, on sent bien l’eau s’insinuer par la moindre brèche vestimentaire !
Nous n’avons pas de partenaire « vêtement de pluie », un appel est lancé par le biais du journal !
C’est donc engoncé dans nos cirés et vestes que nous préparons nos appâts et commençons la pêche, chacun appliquant méthodiquement le plan de pêche prévu, que ce soit en bonne position ou malheureusement à la cave…
90% de dérive ce jour-là, les bateaux se croisent, nous nous interpellons de bord à bord, essayant de sentir des ondes positives, se battant sur chaque touche, chaque poisson, accélérant au maximum nos décrochages, eschages et remises à l’eau, avec les douleurs de la veille et surtout nos places à défendre. Et de temps en temps, un pêcheur tombe…
Nous rentrons au port sous la pluie, Francis perd son duel face à Mark Smith, un excellent pêcheur Anglais qui avait fait 100% la veille, et c’est avec anxiété et un famélique 87% qu’il rentre le premier sur le port en attendant les résultats des autres de l’équipe. Le second à rentrer au port, c’est Dadou, qui réalise encore un 100%, éliminant au passage Matt Osborne, le top leader du 1er jour et accessoirement tenant du titre en 2015 ! Quelle perf !
Simon, puis Jean Pierre, puis Cyrille ne font pas mieux que Francis, mais le cumul de nos scores reste bon puisque de leur côté les Anglais et les Norvégiens ne sortent pas des pourcentages énormes.
Le dernier bateau rentre enfin, à 100m de distance on distingue un sourire de bonheur, Didier gagne son bateau, 100% également, comme la veille, et en plus avec un excellent score aux points qui nous fait rapidement envisager le meilleur.
David 200%, Mark Smith 200%, Didier 200%, on additionne les points de chaque manche et c’est l’explosion de joie sur le port, nous ne sentons plus la pluie, Didier est Champion d’Europe Species, David est 3ème et l’équipe gagne encore cette manche et donc le titre par équipe !
La consécration :
Vient alors la cérémonie de clôture puis la remise des prix. Dans une ambiance amicale, le Président de l’EFSA Marcus West et le Président de la section Anglaise Neil Bryant prennent la parole pour remercier tout le monde, skippers, bénévoles et participants.
Avec humour, Neil Bryant annonce qu’il va donner le résultat en Français, une clameur de rire et de mécontentement explose, et donc ce sera en Anglais qu’il enfoncera le clou de la défaite à nos meilleurs ennemis.
Equipe Nationale : France 1ère
Equipe de 4 : France 1ère et 2ème
Equipe de 2 : France 1ère et 3ème
Individuel : France 1er avec Didier Marest et médaille de Bronze avec David Corday
Quel résultat ! Nous l’avons fait et en grand favori désigné dès le départ, nous avons assurés, tout le monde est Champion d’Europe, l’équipe composée de David, Simon, Jean Pierre, Cyrille et Francis, et Didier est Champion Individuel !
Prochain rendez- vous en Septembre à Cork en Irlande pour le Championnat d’Europe Tout Poisson, 5 jours de pêche à traquer toutes les espèces locales. L’équipe de France était 3ème en 2016 et nous repartons avec l’envie de conquérir un nouveau titre Européen.
Afin d’être le plus performant possible, le matériel utilisé était les cannes à daurade SCUDERIA 4m00 et SE Compétition 5m00. En dérive, c’est la Scuderia qui était la plus utilisée car elle est suffisamment puissante pour utiliser des plombs plus lourds et pour résister lorsque le plomb s’accroche au fond. Cette canne était également utilisée lorsque l’ancre était mise et lorsqu’il y avait beaucoup de courant. En revanche lorsque le courant diminuait, c’était la SE compétition qui était utilisée : super lanceuse, c’était vraiment l’idéal pour aller gratter le poisson en se servant du courant pour aller parfois à plus de 250m du bateau… Le temps est long quand il faut remonter un poisson d’aussi loin !
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